La randonnée du samedi
Pas moins de 25 randonneurs sont venus au rendez-vous pour découvrir, à l’aide d’un plan d’époque, les projets et infrastructures situées sur les deux rives de l’Yonne. Après avoir pris connaissance des consignes, tous rejoignent leurs véhicules pour la première partie du circuit, motorisée pour des raisons pratiques. Direction Palotte !
Arrivés à hauteur du blockhaus, les véhicules sont stoppés ! Deux soldats des troupes d’occupation, encore plein de zèle malgré l’arrivée imminente des FFI, effectuent un contrôle.
Après vérification des laisser-passer, les véhicules sont autorisés à continuer en direction des carrières. A peine débarqués, les randonneurs sont maintenant abordés par un agent de liaison FFI en moto qui les informe : son groupe vient de prendre possession du site de Palotte et de faire deux prisonniers.
Ces derniers n’auront d’autre choix que de coopérer en faisant visiter leur blockhaus
Deux groupes de visiteurs sont alors constitués. L’un visite le blockhaus pendant que l’autre découvre les travaux de renforcement des entrées de l’usine souterraine de Palotte.
Ces travaux entrepris par l’Organisation Todt au début de l’année 1944 étaient destinés à protéger le site d’éventuelles attaques aériennes.
Le blockhaus de surveillance, remis en situation avec tout son équipement d’époque, est toujours très apprécié des visiteurs qui se retrouvent plongés un moment dans l’ambiance d’août 1944.
C’est encore une fois avec le précieux concours de l’association « Libérateurs du Centre » que cette animation est reconduite.
La Centrale de montage V – Mise en lumière de l’atelier de montage en sous-sol
Les randonneurs retournent ensuite à la halte nautique afin de se lancer sur le parcours pédestre et découvrir le projet Centre V et les installations réalisées au cours de la Drôle de Guerre entre septembre 1939 et juin 1940.
Après une halte sur la route d’accès au chantier pour une présentation du plan de 1936 et du projet « Centre V », les visiteurs découvrent la piste d’envol, utilisée aujourd’hui par le club ULM, les vestiges de la centrale à béton avec ses dispositifs de stockage et de tri des granulats destinés aux différentes constructions bétonnées et enfin, le cœur du dispositif ; la centrale de montage V !
Comme de coutume, randonneurs et Cravantais se retrouvent finalement autour du traditionnel apéritif accompagné, cette année, par un buffet « de nos grands-mères ». Ce buffet est toujours préparé avec brio par le foyer socio-éducatif de Cravant dans le cadre de leur atelier cuisine. Cette dégustation conviviale toujours fort appréciée est immédiatement suivie de la projection de rares photos d’archives retraçant une partie de l’histoire du site. Tout ceci se déroulant cette année dans un cadre magnifié par une mise en lumière exceptionnelle !
En effet, les journées du patrimoine 2025 étant placée sous le thème du patrimoine architectural, l’association a choisi de valoriser la Centrale de montage avec une première mise en lumière de l’édifice réalisée par Léo Pissis, membre d’Aviatroglo et apprenti éclairagiste au sein de la société Avéo basée à Montigny-la-Resle.
Cette société d’événementiel implantée aussi à Troyes et en région parisienne est spécialisée dans l’organisation de festivals et concerts. Elle réalise également la mise en lumière de nombreux sites patrimoniaux, notamment dans notre région avec les Abbayes de Pontigny et Saint Germain d’Auxerre.
Ici, l’objectif était de mettre en valeur la partie souterraine de la Centrale de montage en créant une ambiance permettant aux visiteurs d’appréhender la structure bétonnée de l’édifice et ses dimensions impressionnantes… 132 m de long et 50 m de large !
Le dispositif d’éclairage adopté montrait la profondeur de la partie souterraine en éclairant tous les piliers d’une même rangée et soulignait en façade la structure chaotique de l’ensemble, due aux destructions opérées pendant la guerre.
Au total, ce sont plus de 50 projecteurs sur batterie qui ont été utilisés dans la mise en lumière de l’édifice. Quatre couleurs d’ambiance ont été retenues à cet effet : bleu, blanc et rouge pour rappeler la vocation militaire et aéronautique du site et vert pour marquer son immersion dans la végétation environnante, de plus en plus envahissante
La présence exceptionnelle du Nieuport 10 de Jean Vaissade, constructeur de répliques 14-18 fut l’occasion de mettre aussi son avion en lumière à l’entrée de la centrale. Cette réplique, motorisée par un moteur Rotax 912, a volé pour la première fois le lundi 7 mai 2012 à Saint-Florentin. Il était alors piloté par son concepteur « Le Baron Jeannot » alias Jean Vaissade. A l’origine, le Nieuport 10 était un avion de reconnaissance biplace, conçu par l’ingénieur Gustave Delage et mis en service en 1915.
Les visites du dimanche
De retour à la base ULM, le dimanche matin, l’équipe d’Aviatroglo accueille le public pour les trois visites commentées de la centrale de montage et des vestiges du chantier de construction. Les visites sont suivies cette année d’une nouvelle animation dédiée au projet phare de l’association : la reconstruction d’un fuselage de Fw190 dans sa version française AACr (Atelier aéronautique de Cravant).
Menée de main de maître par Yves Guilmin, chef de projet, l’animation plonge les visiteurs au cœur de l’histoire passionnante de cet avion de chasse et les confronte aux défis techniques du chantier de reconstruction.
Dès l’entrée une bande audio immersive du son d’un Fw190 en vol crée une ambiance aéronautique saisissante. Avant la description des différentes étapes du projet, l’avion Fw190 est présenté d’un point de vue historique et technique et remis dans le contexte des ateliers de l’usine souterraine de Palotte. Une galerie de photos sur panneaux permet à Yves d’expliquer les méthodes de conception, de fabrication et d’assemblage du fuselage, mais aussi les contraintes techniques et les travaux de recherche documentaire effectués.
L’idée originale du projet étant d’incorporer dans le fuselage des pièces d’origine, quelques -unes sont exposées, accompagnées de leur documentation technique : gouverne de direction reconstruite, roulette de queue et manche pilote récupérés auprès d’anciens employés de l’usine souterraine, aérateur moteur, élément de gouverne de profondeur, et console de cockpit provenant d’un crash.
L’échange étant initié avec les visiteurs, Yves répond aux questions en partageant son expertise technique. La présentation se termine par une vidéo captivante montrant un Fw190 reconstruit en action, de son hangar au roulage et au vol.
En repartant, les visiteurs se sont déclarés ravis d’avoir vécu cette expérience et d’avoir découvert un site, certes inachevé et en partie détruit, mais riche d’une histoire hors du commun.
Une satisfaction qui fait celle d’Aviatroglo !